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Des vacances pour aider ceux qui aident
11 millions d’aidants familiaux, soit 1 français sur 6, aident chaque jour leur conjoint, leurs parents dépendants ou bien leur enfant en situation de handicap. Des soins à la toilette ou au ménage et aux repas, en passant par les démarches administratives ou les déplacements, sans oublier le soutien moral. Ces héros du quotidien le font souvent dans le silence et parfois au prix de leur santé, parce qu’ils s’oublient. Retour sur cet enjeu et sur les aides et solutions à mettre en place pour que ces aidants puissent souffler sur lesquels l’ANCV a été précurseur.
Un enjeu de société
En 2050, une personne sur trois aura plus de 60 ans, contre une sur quatre aujourd’hui ; en 2060 la France comptera 2,3 millions de personnes dépendantes, contre 1,4 aujourd’hui 3. Face à ce vieillissement de notre population, il faudra donc de plus en plus d’aidants. Des aidants dont les difficultés vont croissant car eux-mêmes vieillissent ou travaillent. 33 % 1 sont en effet à la retraite et la moitié sont actifs. Une très grande majorité (85%) 6 vivent avec la personne aidée et y consacrent plus de 20 h 1 par semaine ainsi que plus de 2 000 € par an 5. Enfin, 37 % avouent ne bénéficier d’aucune aide alors qu’ils sont eux-mêmes souvent âgés
Des héros épuisés
Rien d’étonnant alors à ce qu’ils s’épuisent, éprouvés à la fois psychologiquement et physiquement. Trois sur quatre remarquent que cette responsabilité a des effets sur leur santé 6 ou leur concentration et leur efficacité 7. En cause : la difficulté à mener de front vie privée et vie d’aidant mais aussi l’absence de reconnaissance. Près de 9 sur 10 se sentent en effet insuffisamment valorisés 1. Et près de la moitié reconnaissent avoir du mal à concilier leur rôle d’aidant avec leur vie professionnelle ou leur famille et leurs amis 5.
Quand on est confronté à ce type de situation, on mise en général sur les vacances pour se ressourcer. Ce que les aidants ne font pas. Faute de moyens, mais surtout parce qu’ils culpabilisent de laisser leur proche ou de le placer en institution. Sans oublier que partir avec son aidé dans un séjour qui n’est pas adapté à la situation, peut s’avérer compliqué et tout aussi épuisant.
L’ANCV visionnaire
Sans attendre que la loi reconnaisse très récemment le statut des proches-aidants 8 et instaure leur droit au répit, l’ANCV s’est intéressée au sujet il y a plus de 10 ans, dans le cadre de sa politique d’action sociale. En lançant son programme Seniors en Vacances avec des séjours aidants – aidés, dès 2008, l’Agence était en avance. Précurseurs pour l’époque mais toujours aussi innovants aujourd’hui, ces séjours accessibles à tous, sans condition de ressource ni d’âge, permettent à plus de 2 000 aidants familiaux de partir chaque année, avec leur proche ou seul. Sans oublier les aidants professionnels qui ont eux aussi besoin de souffler, avec les publics qu’ils accompagnent. 5% des partants du programme Seniors en Vacances sont aujourd’hui des aidants. Porté par la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse, le programme mobilise toutes les CARSAT de France, ainsi que la plupart des collectivités, à travers les CCAS ou, plus récemment les bailleurs sociaux comme ICF Habitat et depuis peu l’Union Sociale pour l’Habitat. Les associations caritatives ne sont pas en reste puisque de grands acteurs comme le Secours Populaire, les Restos du Cœur ou les Petits Frères des pauvres sont partenaires de l’ANCV.
Les vacances source d’espérance
La raison en est très simple : les séjours aidants-aidés répondent à un vrai besoin, comme le confirme l’étude ANCV 9 réalisée par OpinionWay en 2015. Les aidants partis avec Seniors en vacances s’y disent reposés, remobilisés, plus à l'écoute de leur proche et prêts à modifier leur vie au quotidien. Tout d’abord parce que le séjour a répondu à leurs attentes : le besoin d’être rassuré tout en s’évadant pour plus de 3 aidants sur 4, mais aussi celui de partager des activités avec leur proche, pour 43 % d’entre eux, ou encore celui de partager leur vécu avec d’autres, pour 24 %. Deuxième effet bénéfique majeur : la majorité se sont reposés non seulement physiquement (85 %) mais aussi moralement (89 %) et se sentent en meilleure forme physique (79 %). Au-delà de ces retombées immédiates, ces répits semblent avoir des effets structurants, à plus long terme. Presque tous les aidants se sentent motivés pour repartir en vacances, 71 % ont à nouveau envie de sortir et de rencontrer des gens, tout en les rapprochant de leur aidé, puisque deux aidants sur trois comprennent mieux ce que vivent leurs proches et 57 % sont plus à l’écoute. Mais surtout, ils ont réalisé qu’ils devaient aussi prendre soin d’eux (25 %), ce que seul un aidant sur deux a fait, pour l’instant. Reste donc à passer à l’action, pour que le bénéfice des vacances tienne la distance.
- 1 français sur 6 accompagne un proche en situation de dépendance. La moitié travaille.
- La France compte 1,4 million de personnes âgées dépendante. Elles seront 2,3 millions en 2060.
- 8 aidants sur 10 consacrent plus de 20 h par semaine à leur proche.
- 75 % des aidants sont stressés et 89 % se sentent peu reconnus. 30 % dorment mal ou ont mal au dos.
- Plus de 8 aidants sur 10 se sentent reposés physiquement et moralement après un séjour aidant-aidé.
- Un aidant sur quatre a compris qu’il devait aussi prendre soin de lui.
1 - Baromètres 2017 et 2018, Fondation April et BVA.
2 - Laboratoire d’économie et de gestion des organisations de santé de l’université Paris-Dauphine dans le cadre de l’étude Share.
3 – Projections INSEE 2017.
4 – DREES.
5 - Baromètre 2017 de la Carac.
6 – Baromètre des aidants 2017 Fondation April.
7 - Enquête sur les actifs soutenant un membre de leur entourage atteint de la maladie d’Alzheimer, France Alzheimer, septembre 2016.
8 - Loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement.
9 - Étude réalisée par OpinionWay pour l’ANCV sur les aidants familiaux partis en 2013 et/ou 2014 dans le cadre du programme Senior en vacances.